Le mot « addiction » est à la mode, et son usage se répand en France sans qu’un accord total ne soit réalisé sur sa signification. Qu’entend-on précisément par addiction ? Que faut-il penser de l’usage du mot « alcoolisme », et quelle est la place de l’addiction à l’alcool au sein du vaste groupe des comportements addictifs ? Telles sont les questions auxquelles, en quelques phrases, nous souhaiterions apporter des éléments de réponse.
Qu’est-ce qu’une addiction ?
Ce vieux terme juridique français, signifiant la contrainte par corps, long temps oublié, nous revient après un long détour par la médecine anglo-saxonne. Aucune définition consensuelle n’en existe. Celle qui fait référence est due à un psychiatre nord-américain, Aviel Goodman: l’addiction est une conduite pathologique caractérisée par l’impossibilité de ne pas consommer une substance psycho-active (la perte de la liberté de s’abstenir, par exemple, de consommer de l’alcool, disait jadis Pierre Fouquet) et la poursuite de cette consommation malgré ses conséquences négatives. Quelle différence donc avec la dépendance ? Aucune, puisque l’addiction fait référence au piège de l’assuétude, au besoin substitué au désir et au plaisir, à l’incapacité pour un sujet de moduler sa consommation ou de revenir, sans aide, à une consommation modérée et socialement intégrée ? Pourquoi, dès lors, parler d’addiction plutôt que de dépendance ? Effet de mode, illusion de renouveler les concepts, quand on ne change que les mots.
Cette opinion n’est pas partagée par tous: la dépendance, écrivent certains, est une notion plus restrictive et plus étroite, impliquant notamment des modifications de la tolérance, la présence de symptômes de sevrage, et donc un syndrome plus biologique. Erreur, si l’on se réfère, par exemple, aux classifications internationales. Pour le DSM IV (comme pour la CIM 10), la…