Une pédagogie psychanalytique ?
L’expression « pédagogie institutionnelle » désigne à la fois un courant pédagogique issu de la pédagogie Freinet et une pratique qui consiste à mettre en place des « institutions » dans des classes à l’école ou dans des groupes en formation. Par exemple, le Conseil est un lieu de parole et de prise de décisions mis en œuvre régulièrement pour organiser le travail collectif. Le Quoi de neuf ? est un autre temps de parole pour commencer la journée ou un cours ; c’est « une sorte de “sas” entre le dedans et le dehors du groupe, durant lequel chacun peut intervenir pour évoquer ce qu’il souhaite »1. Ce courant pédagogique, toujours actif aujourd’hui en France de la maternelle à l’enseignement supérieur, est un des rares exemples d’articulation entre pédagogie et psychanalyse existant de manière continue depuis les années 1950.
L’appellation « pédagogie institution-nelle » serait une proposition faite par Jean Oury lors du congrès de l’Institut coopératif de l’École moderne (le « mouvement Freinet ») tenu à Paris en 1958. Le psychiatre-psychanalyste fondateur de la clinique de La Borde a défini cette approche pédagogique comme « l’institution de systèmes de médiation dans lesquels les personnes ne sont plus simplement face à face, mais parlent de quelque chose qui existe et œuvrent sur quelque chose qui existe en dehors d’eux et dont ils sont responsables » (Vasquez et Oury, 1967, p. 246).
Conséquence de l’exclusion de plusieurs militants parisiens du mouvement Freinet en 1961, cette approche pédagogique se divise en 1964 en deux courants distincts : un premier que l’on peut qualifier de « psychanalytique » (Dubois, 2019), dans la mesure où il fait explicitement référence à la psychanalyse, et un second dit « autogestionnaire » (Michaud, 1969). Cet article s’attarde sur ce premier courant marqué par les figures…
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