La dernière parution des tenants de la cause antipsychanalytique, le dit Livre noir de la psychanalyse (c’est le titre de la collection) met en cause le rapport de la psychanalyse à l’homosexualité. Ce thème a été abondamment repris dans le Nouvel Observateur. La psychanalyse refuserait “d’accréditer” comme psychanalyste ceux qui usent d’une sexualité qu’elle “jugerait” déviante : la pratique sexuelle homosexuelle. Que n’importe quel annuaire d’une association de psychanalystes démente ces propos n’arrêtera pas les pourfendeurs d’une psychanalyse perçue comme norme. Pour ma part j’ai quelques collègues que cette affirmation fait franchement sourire in petto, car tous ne considèrent pas nécessaire de faire leur coming out. La pratique sexuelle en acte, qu’elle soit homosexuelle, hétérosexuelle, bisexuelle voire transsexuelle, n’est pas le lieu à partir duquel la psychanalyse détermine la subjectivation d’un sujet humain, a contrario de certains apôtres modernes de l’égalité entre les sexes et les pratiques.
Non, l’homosexualité n’empêche pas la pratique de la psychanalyse, ni l’éducation des enfants. Non, la psychanalyse ne prône pas une version simplifiée et réductrice de la pratique sexuelle comme le disent les parangons de la vertu post-moderne et de la réalisation de l’individu en acte. Ce que propose la psychanalyse, comme compréhension du monde et de ses plaisirs est plus subtile et complexe que les simplifications qu’en proposent les réducteurs de têtes post-modernes.
Ce que propose la psychanalyse mérite d’être ici explicité. Le modèle humain de la jouissance reste, pour chaque individu, pris un par un, la jouissance modèle, la première jouissance qu’il a connue, la jouissance archaïque de la mère, celle d’avant la naissance même, in utero. Jouissance sans manque, sans limite, sans “empêcheur de jouir en rond”, cette jouissance archaïque devient pour tout être survenu dans le…