Peut-on considérer comme une extension de la psychanalyse la pratique des médiations thérapeutiques dans le champ de la psychose infantile ? La question sera de savoir s’il est possible de proposer une métapsychologie de la médiation dans la psychose infantile, fondée certes sur la métapsychologie freudienne mais aussi sur d’autres types de théorisation dans l’histoire de la psychanalyse. Autrement dit, les médiations thérapeutiques, comme la peinture, la terre, le modelage, peuvent-elles permettre d’engager un authentique processus analytique et de quelle nature, et, réciproquement, comment ce type de cadre-dispositif avec des enfants psychotiques peut-il enrichir la théorie psychanalytique et notre pratique dans le cadre traditionnel de l’analyse d’adultes ? Cette problématique est complexe car elle suppose d’abord de définir les fondements épistémologiques sous-tendant une pratique des médiations qui puisse être effectivement référée à la métapsychologie psychanalytique.
Vers une métapsychologie de la médiation
Le premier problème afférent à cette question apparaît dans le constat que la théorie comme la pratique de ces médiations a été traditionnellement négligée par les psychanalystes : les analystes contemporains, théoriciens de la psychose, n’ont pas conceptualisé directement les dispositifs à médiation, ils évoquent la plupart du temps des cadres de psychothérapies classiques, fondés sur la parole, et il faut donc transposer, réinventer leur théorisation pour dégager la spécificité des processus en jeu dans les médiations. D’autre part, les psychanalystes s’aventurent très peu sur ce terrain, et, dans le cadre de la psychothérapie institutionnelle, la plupart des groupes à médiation sont animés par des infirmiers, des éducateurs, des intervenants parfois dénommés art thérapeutes, encore trop peu par des psychologues référés à l’épistémologie psychanalytique, même si cela évolue actuellement. Enfin, même si l’on constate actuellement un essor considérable de ces dispositifs à médiation, réputés efficaces, il s’agit…