« La demande », dites-vous ?
Éditorial

« La demande », dites-vous ?

À l’audition de nombreux collègues somaticiens résonne un choeur à l’unisson. Ce concert univoque, serait-il équivoque? Une question revient comme un leitmotiv : « Est-il encore possible d’attendre quelque chose des psychiatres et de la psychiatrie? « Peut-être sommes-nous alors face à cette composition musicale, dont Rousseau décrivait plusieurs parties qui semblent « se fuir et se poursuivre l’une l’autre » et qui porte le nom de fugue. La notion d’approche globale et pluridisciplinaire était déjà une sérénade; voici que reprise à propos du VIH et du Sida (peut-on espérer qu’elle s’étende à l’ensemble des pathologies somatiques graves) elle devient une antienne- et là François Perrier nous manque. Sans doute faut-il abandonner la forme musicale pour dire plus sthéniquement que nous allons être appelés, une prochaine circulaire nous y invitera, à développer cette psychiatrie dite d’alliance ou de liaison et les collaborations entre Médecine et Psychiatrie. Ce mode de travail reste largement insuffisant et s’impose pour répondre aux besoins des sujets touchés par le VIH, de leurs proches et des équipes soignantes confrontées douloureusement à leur prise en charge. Certes la notion de « Demande » est appelée à la rescousse, car celle-ci n’émane que rarement du sujet lui-même. Mais faut-il oser dire que moins théorique ou techniquement professionnelle la « notion de population concernée », homosexuelle ou toxicomane, témoigne d’une stigmatisation feutrée, parfois même manifeste, qui confine au rejet et à l’exclusion, au mépris de la souffrance. Alors…, encore un effort camarades!