Les notions d’identité sexuée et de bisexualité psychique apparaissent comme constituant deux facettes fondamentales du rapport du sujet tant à son sexe anatomique qu’aux représentations touchant à la différence des sexes, au féminin et au masculin.
L’identité sexuée (Chiland, 1985) invite à considérer un élément constitutif du narcissisme, relatif au sentiment de se sentir exister au travers de son sexe anatomique, un sentiment d’identité relativement stable. Christian David, lui, évoque le rôle de médiateur de la bisexualité psychique : il s’agit d’une forme de médiation dite bisexuelle, soit la possibilité, au sein de l’appareil psychique, d’entretenir un jeu relativement souple de représentations touchant au féminin et au masculin. Posséder en soi une sorte de double de l’autre sexe de façon potentielle n’empêche nullement la reconnaissance de la différence des sexes : « au contraire, c’est l’absence ou les insuffisances d’une telle réplique qui l’interdisent ou l’altèrent. La bisexualité, c’est là un de ses paradoxes, source d’étrangeté, se donne aussi comme accès à l’étranger » (1975, p 703).
Ces éléments théoriques pouvant se répondre, il serait ici possible de dire que l’ancrage autorisé par l’avènement de l’identité sexuée se trouve nuancé par la mise en action de la bisexualité psychique : se sentir suffisamment habiter son sexe tout en pouvant faire appel aux représentations du féminin et du masculin à l’intérieur de soi, dans une dynamique de cohabitation créative qui pourrait prendre place dans le champ des phénomènes transitionnels décrits par Winnicott…
Dans le cadre plus général des troubles dits « narcissiques identitaires », la liaison entre identité sexuée et bisexualité psychique apparaît comme mise à mal. Comme bon nombre d’autres faisceaux de représentations, les éléments symboliques liés à ces thématiques semblent s’ignorer, se rejeter, se télescoper…