En introduction de son livre L’absence, Pierre Fédida écrivait en 1978 : « L’absence donne contenu à l’objet et elle assure à l’éloignement une pensée » et quelques lignes plus loin : « La pensée a, parfois, pour espace, la douleur ». Pour tous ceux qui ont connu Pierre Fédida et plus encore pour ceux qui ont eu la chance de partager des moments de réflexion et d’amitié avec lui, leur pensée ont aujourd’hui pour espace la douleur. Toute rencontre avec Pierre Fédida, des plus professionnelles aux plus amicales étaient chaleureuses, dynamiques et passionnantes. Il était fréquent qu’elles soient à l’origine d’une nouvelle idée ou d’un nouveau projet. Pierre Fédida suscitait une soif de vivre, d’apprendre, de transmettre par un mouvement identificatoire dont son refus de dogmatisme n’était pas étranger. Psychanalyste, Pierre Fédida ne cherchait pas à tout expliquer par la psychanalyse. Sa curiosité, son souci du débat, sa large culture, son ouverture d’esprit frappaient tous ceux qui l’approchaient. La Revue Internationale de Psychopathologie, dont il fut avec Daniel Widlöcher le promoteur, est une des illustrations de cet esprit d’ouverture et de ce refus de dogmatisme. Sa pratique, ses écrits, l’animation de divers groupes ou institutions en sont de multiples preuves. Rendre aujourd’hui vivante la psychanalyse était sûrement une des ses préoccupations essentielles. Beaucoup, si ce n’est toute une génération, ont été sensibles aux qualités propres de celui qui sera aujourd’hui et pour longtemps toujours présent dans notre esprit.