Hommage à Alain de Mijolla : Alain de Mijolla et  »le temps qui passe »
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Hommage à Alain de Mijolla : Alain de Mijolla et  »le temps qui passe »

Je trace quelques lignes concernant notre trajet de rencontres, Alain et moi. Sous l’occasion professionnelle, court le fil d’une amitié assurée, vivante. Officiers à Vincennes, elle commence à table entre les rigolades. Il est interne et me permettra de l’être moi-même en me transmettant son dossier préparatoire. J’en ferais plus tard, avec Michel Neyraut, la base d’un texte de 700 pages d’anatomie physiologie du système nerveux central destiné à préparer l’Internat et au psychiatricat des hôpitaux. Pendant l’Internat entre Sainte Anne et la Salpêtrière, j’ai le souvenir de mon admiration lorsqu’il prenait une parole aisée, raisonnée et exaltée ; plus tard à la Société psychanalytique de Paris (SPP) en savant fort écouté. Peut-on approfondir ainsi les secrets de l’identification, si l’on n’est soi-même parvenu à une certitude calme des incertitudes de la vie ?
J’ai tenté dans les années 80 de faire avec lui une Histoire de la psychanalyse de l’adolescence lorsque nous créâmes l’Association européenne de psychanalyse de l’adolescence (avec E Laufer et F. Ladame). Nous avons travaillé ensemble, rue de Grenelle autour de la célèbre machine à café, à Plaisir malgré son chien fort actif, à Cabourg aussi, où je le voyais faisant quelques pas sur la « Promenade » tandis que nous nagions avec Sophie et les enfants sous son regard lointain. Son travail d’historien était « si universitaire », que j’ai tenté de créer pour lui un poste de professeur-chercheur associé à l’UFR de Sciences humaines cliniques (Paris 7). Il aurait déposé en bibliothèque le document énorme finement organisé de son Association Internationale d’Histoire de la Psychanalyse (AIHP).

Je n’ai cessé d’admirer avec affection et quelque jalousie sa tranquillité d’analyste et son humour d’homme harmonieux bien installé dans la vie. Après bien des moments sympathiques à Montparnasse, le bilan ému de nos histoires amoureuses accoudés au bastingage d’un bateau pendant le mariage de Philippe ; jusqu’au dernier coup de fil à la fin de vie.

Pr Philippe Gutton