Notre recherche sur les états dépressifs du père après la naissance d’un enfant prend son appui clinique et théorique autant sur les connaissances actuelles concernant la psychopathologie paternelle et les relations précoces père-bébé, que sur les données psychanalytiques classiques.
Dans Moïse, Freud indiquait que la paternité « donne le pas à un processus de pensée fait d’hypothèses, de déductions ». L’élaboration, que ce processus suscite, éclaire la clinique. En outre, souvent considérée comme un « événement de vie », produisant un important remaniement psychique, objectal et narcissique, l’accès à la paternité peut prendre une dimension traumatique.
Etat de la question
La logique de cette étude va prendre en compte ce qui est connu de la psychopathologie paternelle, et interroger les points lacunaires de ce champ de recherche.
L’existence d’une intimité psychique entre la paternité et la naissance est reconnue depuis fort longtemps, comme l’atteste la coutume à peu près universelle de la couvade. Selon ce rituel, l’homme, peu après l’accouchement, « imite la mère », il se met au lit, parfois à la diète et reçoit le compliments des voisins.
Ce rituel très répandu a fait l’objet d’interprétations anthropologiques et psychanalytiques (28). Il aurait pour fonction de mettre la jeune mère à l’abri des mouvements agressifs paternels. La couvade aurait aussi pour fondement inconscient le conflit qui existe pour le jeune père entre son propre désir de maternité et l’identification à son père.
Par extension, on a décrit un « syndrome de la couvade » pour caractériser les troubles somatiques qui affectent souvent les jeunes pères pendant la grossesse de leur compagne. Selon Trethovan et Colon (39), leur fréquence…