Densification du masochisme érogène, préalable à l’interprétation
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Densification du masochisme érogène, préalable à l’interprétation

Un analyste « qui ignorerait le plaisir psychique et physique n’a aucune chance de le rester ».
Entre le rêve et la douleur, J-B Pontalis2

 

Mes années de travail avec Benno Rosenberg m’ont appris à prêter attention à la qualité de l’intrication pulsionnelle, base de toute vie psychique, tout au long du cheminement analytique et à veiller au danger du débordement par l’excès d’excitations qui peut bloquer les capacités de liaison du noyau masochique érogène, autant chez l’analyste que chez le patient.

Cette attention rejoint la notion de « tact » souligné par Freud et ainsi défini par Emmanuelle Chervet : « perception de la densité du masochisme érogène du patient » (p. 68). Catherine Parat remarque que la partie très mouvante du transfert « a besoin pour se développer d’un appui, d’un sol qui reste, lui, stable et actuel »3. Il peut s’écouler un temps plus ou moins long avant que ce sol, se densifie et se stabilise, autrement dit avant que le transfert de base se constitue. Pour certains patients « il n’est possible que de les accompagner et de souffrir avec eux pour qu’ensuite le travail analytique devienne possible » (Catherine Parat)4. Souffrir ainsi, patiemment et sans désinvestir, me semble relever de la capacité masochique à recevoir, lier, apaiser, détoxiquer, transformer les excitations désorganisantes qui agitent parfois violemment la cure.

J’ai vécu avec Yann plusieurs mois de souffrance avant que notre chimère, où se brouillent les limites entre moi et non moi (De M’Uzan), puisse évoluer avec un certain plaisir sur un sol à peu près stable.

Yann vient me voir, contraint par sa femme, après l’interruption d’un précédent travail avec un analyste qui s’est endormi pendant la séance :

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