Introduction
Lors du congrès, Steven Wainrib - en se référant à Vincent Descombes - distinguait soigneusement les deux acceptions du verbe “subjectiver” qui renvoie soit au fait de “subjectiver quelque chose”, soit au fait de devenir sujet. En ce qui nous concerne ici, nous parlerons du processus de subjectivation en tant qu’étape développementale permettant à l’être humain de devenir une personne, soit un sujet capable de se penser tel, et de se nommer comme tel (acquisition du “je”). On sait en effet les apports de la psychiatrie du bébé et de la psychanalyse précoce à ce que nous appelons les 4 “S”, soit la symbolisation, la subjectivation, la sémiotisation et la sémantisation.
Ce qu’il importe de souligner cependant, c’est que le concept de “processus de subjectivation” qui nous parle bien en tant que processus de développement, de différenciation et de croissance psychique, n’est pas, pour autant, un concept freudien. Pas plus d’ailleurs que les concepts de sujet, de subjectal, de subjectif ou de subjectivité, concepts fondamentalement absents du Dictionnaire de psychanalyse de J. Laplanche et J.-B. Pontalis. Vouloir parler, en tant que psychanalyste, du processus de subjectivation laisse pourtant entendre que l’on sait ce qu’il en est du “sujet psychanalytique”… Or, ceci est loin d’être le cas, comme le rappelait utilement J.-B. Pontalis dès sa contribution de 1973 au XVèmes Journées d’Etudes organisées par l’Association de Psychologie Scientifique de Langue Française sur le thème de La connaissance de soi.
Du point de vue psychanalytique, la notion de “sujet” est donc éminemment complexe, voire insaisissable et ceci, surtout si l’on y ajoute la distinction entre sujet de l’énoncé et sujet de l’énonciation, distinction qui a au moins le mérite d’évoquer…