L’hospitalisation en pédiatrie, terreau des processus de subjectivation
À l’adolescence, le recours à l’acte peut être une façon de traduire, par le biais d’un comportement, ce qui ne peut s’élaborer psychiquement. Le passage à l’acte suicidaire fait partie de ces modalités d’expression d’un conflit intrapsychique en impasse de résolution.
Concernant les faits de violence, la littérature internationale a quant à elle mis en lumière les multiples retentissements psychologiques des violences intrafamiliales chez nos jeunes patients, que l’enfant en soit victime ou témoin1. L’objet de cet article n’est cependant pas d’illustrer ce retentissement, bien établi scientifiquement, mais de s’intéresser à la façon dont la survenue d’un effondrement thymique à l’adolescence peut être l’occasion de mettre en lumière des expériences traumatiques graves, et ainsi, de réinterroger le développement psychoaffectif d’un adolescent.
En quoi cela est-il pertinent ? La clinique de la crise suicidaire nous amène à prendre en charge nombre d’adolescents qui n’avaient jusque-là jamais été en demande d’aide. Ces mêmes adolescents n’avaient pas été « repérés » par l’école, par l’infirmière scolaire, par leurs proches ou encore leur médecin traitant. Aucune demande n’est formulée ni par le jeune ni par l’environnement. Nous rencontrons alors des adolescents comme « passés au travers des mailles du filet », après un geste, ou une intention, d’une importante gravité, dans un moment de grande précarité psychique.
Pour le clinicien, il est question de se représenter, au-delà du silence, ce qui a pu faire le lit de cette crise sans précédent. Il s’agira d’avoir en tête que les antécédents psychotraumatiques sont fréquemment retrouvés en contexte de crise suicidaire. L’avoir en tête pour pouvoir l’entendre, même à bas bruit, l’entendre pour soutenir ces adolescents dans…