Il serait plus simple, tous ne l’admettraient pas, d’aborder le contre-transfert, avec la même forte évidence qui anime Freud quand il reconnaît la dynamique du transfert. Il l’a d’abord méconnu, puis reconnu dans sa face de résistance (en pensant l’éviter ou le contourner) avant de l’intégrer, avec ses difficultés, comme partie intégrante de la cure analytique. En 1912, il veut faire comprendre « comment le transfert se produit nécessairement pendant une cure psychanalytique, et comment il parvient à jouer le rôle qu’on lui connaît pendant le traitement¹. » Bien souvent, ce qui s’est présenté comme un obstacle est appelé à devenir un ressort de la cure et une ouverture à l’intelligence des processus psychiques inconscients.
C’est bien le destin du contre-transfert, avec de notables différences qui n’en laissent ni le terme, ni son extension et sa compréhension intactes. Son intégrité non plus. Elle engage en effet, dans un tout autre sens, celle de l’analyste. Il n’en sort pas indemne. D’un côté, le terme de contre-transfert peut prétendre à une clarté et une consistance comparables, sinon égales, à celle du transfert. Au risque de nourrir les dangereuses réciprocités et symétries des pensées d’une cure qui ne trouve et maintient sa dynamique que dans la dissymétrie des places et des positions qui l’instaure. Cependant, son analyse, comme son exposition, s’apparente bien à ce qu’André Green a appelé « démembrement du contre-transfert². » En sort-il indemne ? C’est bien la question.
Le scandale du Burghölzli
Tout commence avec Freud. On aurait tendance à l’oublier. Il n’est pas seul. Il nomme ainsi la difficulté au moment où il la reconnaît. C’est dans une lettre à Jung qu’il emploie le terme pour la première fois. Celui-ci s’était honnêtement ouvert du…