Les situations de handicap dans notre monde moderne sont de plus en plus nombreuses : néonatologie, vieillissement, accidents, maladies génétiques… Le domaine du handicap s'élargit et touche un nombre grandissant de professionnels (Korff-Sausse, 2020). On peut dire que le paysage du handicap a radicalement changé pendant cette période, sous l’influence principalement des études et des approches venues d’Amérique. Si la psychanalyse est classiquement une théorie et une méthode d'investigation et de traitement d'une personne, considérée comme un patient, à partir de sa subjectivité et de sa singularité, qu'en reste-t-il dans les pratiques et les approches du contexte actuel, où sont privilégiées les problématiques sociétales, les problèmes concrets d'insertion et où la personne en situation de handicap est située comme membre d'un groupe social minoritaire ? Les outils psychanalytiques peuvent-ils encore s’appliquer ? Et dans ce cas, il faudrait en définir les conditions et les limites.
DE L’INTEGRATION A l’INCLUSION
Un des points principaux de ce changement, c’est le passage du modèle d’intégration à celui d'inclusion. En effet, nous sortons du modèle de l’intégration qui correspond à une approche qui a caractérisé la prise en charge du handicap pendant la deuxième moitié du XXe siècle. Ce qui dominait, c’était l’idée de compensation, d’une égalisation des chances et d’une normalisation, qui se retrouve d’ailleurs dans le mot handicap et son étiologie dans le vocabulaire des courses de chevaux (Stiker, 1982). Il s’agissait de mettre en place des dispositifs, des rééducations, des soins, qui avaient pour but de permettre à cette personne de s’adapter à la société dans laquelle elle vivait. L’insertion serait presque le contraire. Ce n’est pas la personne handicapée qui doit s’adapter à son environnement, mais l’environnement qui doit s’adapter à cette personne. La nouvelle terminologie met l’accent sur les…