Après 25 années à la rédaction de Carnet Psy, j’ai choisi de quitter la revue sans tristesse, sans regrets et j’oserai dire même avec un certain enthousiasme. Lorsque j’ai créé la revue Carnet Psy en 1995, je n’imaginais pas ce qu’elle est aujourd’hui. Revue d’informations, cette « heureuse improvisation » est devenue un outil nécessaire à tous, un lieu de débat et d’ouverture clinique. La spécificité de Carnet Psy : ce n’est pas une revue corporatiste. C’est un espace de transversalité entre les psychologues, les psychiatres et les psychanalystes.
Carnet Psy doit sa place à ses lecteurs qui, dès le début, ont montré un vif intérêt. Revue d’informations, d’échanges, de partage des idées mais aussi, et ce n’est pas un détail, revue indépendante, Carnet Psy n’appartient à aucun groupe éditorial, à aucune société scientifique, à aucune association. Carnet Psy appartient à ses abonnés et aux professionnels qui y interviennent.
Revue d’actualité, Carnet Psy défend un bon usage de l’esprit critique. La revue expose la psychanalyse aux interrogations actuelles de la pensée psychologique et psychiatrique. Peut-être qu’un jour un historien du soin psychique trouvera dans les numéros de Carnet Psy des matériaux forts utiles lui permettant de retracer à divers niveaux l’évolution épistémologique de ce champ complexe. Cet historien constaterait des traces d’une psychanalyse vivante et ouverte véritablement enracinée dans la clinique, un fil rouge de Carnet Psy.
Emotion
Emotion en pensant aux 25 années consacrées à Carnet Psy, à son évolution. Carnet Psy m’a permis des rencontres marquantes avec des auteurs mais j’ai toujours eu le sentiment de « mettre en page » pour les lecteurs, de mettre en scène leurs idées.
Serge Lebovici a été l’un des premiers à y croire ce qui m’a donné le courage nécessaire pour cette entreprise. Daniel Widlöcher a offert à Carnet Psy la rubrique « Psychanalyse et psychothérapies » qui a été un temps fort de notre ancrage. Alain de Mijolla a rédigé la rubrique « Le temps qui passe ». Alain Braconnier a mené les entretiens de grands psychanalystes. Bernard Golse a associé Carnet Psy depuis le début à ses travaux de recherche. Les colloques BB-Ados, ces rencontres des spécialistes du bébé et de l’adolescent créées par Bernard Golse et Alain Braconnier en 2004 (Menaces sur les liens, amour du lien, amour de l’objet, 27 novembre 2021) sont toujours un moment fort de réflexions et d’échanges. Catherine Chabert avec qui j’ai organisé des colloques (La douleur, Les séparations, … et Les interdits, pourquoi faire ?) m’a fait partager toute son acuité psychanalytique et sa chaleureuse amitié. Sylvain Missonnier mon mari a été un interlocuteur privilégié et une aide précieuse. L’animation éditoriale de la revue a été le lieu de débats, d’échanges et de projets avec des personnes remarquables que je souhaite remercier pour leur fidèle soutien : Jacques André, Jacques Angelergues, Anne Brun, Maurice Corcos, Pierre Delion, Paul Denis, Michèle Emmanuelli, Vassilis Kapsambelis, Denys Ribas, René Roussillon.
Séparation et transmission
Quitter Carnet Psy, se séparer ? Ce qui fait de cette séparation, un objectif, un projet, c’est la transmission. Mais là il y avait un véritable enjeu dans le choix de la personne. J’avais le souhait que Carnet Psy puisse rester indépendante. Quoi de mieux qu’une personne innovante, déterminée dans sa gestion éditoriale, compétente dans la gestion du numérique, des réseaux sociaux ? Je fais confiance à Kevin Hiridjee, psychologue clinicien, proche de la psychanalyse, pour relever ce défi. J’ai reconnu en lui ces qualités et je peux assurer aux lecteurs et amis de Carnet Psy de la continuité de l’esprit de la revue et de la créativité des projets du nouveau Directeur de la Publication. La transmission est à l’image de mes 25 années à Carnet Psy. Je remercie les lecteurs et les auteurs pour cette parenthèse heureuse et féconde.