Ça ressemble à une scène familière, une banalité du quotidien. Ça parle tout bas, ça discute, ça se dispute, ça se cache, ça fait du bruit, ça ose mais ça ne dit rien, ça aimerait bien comme ça haïrait bien, ça passionne, ça déçoit, ça déborde d’émotions. C’est un exhibitionnisme qui ne se reconnaît pas comme tel. Ça ne te regarde pas.
Ce titre s’est imposé comme l’évidence d’une énonciation qui s’invite dans la configuration familiale. Ces moments où le(s) parent(s) se sent(ent) déstabilisé(s) par la présence de leur enfant, par ce corps, ici celui de l’adolescent(e), c’est-à-dire par un corps qui s’érige de plus en plus dans sa dimension sexuelle. C’est de cette dimension aussi dont il est question dans la formation de la honte et de la manière dont elle agit pour maintenir un statu quo pré-pubertaire, une phase de latence indéfinie. Ce corps en métamorphoses en cache un autre, celui de l’enfant qu’il était. Ce corps, c’est aussi celui que les adolescents veulent à la fois conserver pour pouvoir y retourner, dès qu’ils ont la sensation que leur environnement se dégrade (en particulier en surjouant la toute-puissance, en usant des fameux « j’ai le droit », « c’est ma liberté »…) et ce corps qu’à la fois ils veulent détruire, façon de ne plus entendre parler de ces jeux de gamins (ou plutôt de « bolos »), quand les choses sérieuses commencent à prendre forme et qu’il est temps de parler à égalité sexuelle avec les adultes.
Freud, dont la théorie doit beaucoup à l’étude des post-adolescentes, ne s’y est pas trompé. Dans Malaise dans la culture, après avoir repris une phrase du monologue d’Hamlet qui dit « c’est ainsi que la conscience morale fait de nous des lâches »,…