Je commencerai par énoncer ma thèse : le concept d’“après-coup” appartient en propre à la psychanalyse, aucune autre pensée contemporaine ne le remplace. Comme cela a pu faire l’objet de commentaires, il est partie intégrante de la conception de la temporalité en psychanalyse, qui est, à mon avis, originale, et qui ne peut pas s’accommoder des autres conceptions de la temporalité (et je dois dire qu’en lisant le texte de préparation signé par les organisateurs, disant que maintenant les gens qui s’occupent des bébés prennent en considération l’après-coup, moi personnellement, je ne vois rien de cela).
Alors pour préciser, il appartient en propre à la psychanalyse, il accompagne les premières découvertes de Freud, c’est-à-dire que le concept d’ “après-coup” est “co-naissant” avec la psychanalyse, il se poursuit avec d’autres intuitions ultérieures, comme par exemple la découverte de la scène primitive, mais aujourd’hui la question se pose éventuellement de sa transformation dans une autre manière, ou la question : s’agit-il d’un processus général ou pas ?
Il me semble important de de souligner que ce concept conteste absolument l’idée d’une conception développementale linéaire. C’est-à-dire toute démarche fondée sur la continuité : on prend l’être à sa naissance, le bébé, on le conduit jusqu’au moment où il vient au divan, il y a continuité, et bien je pense que la conception freudienne de la temporalité s’oppose à celle-ci. Il s’oppose également à l’idée d’une saisie momentanée unique d’un quelconque instant du développement, puisqu’il est pris non pas dans une continuité mais dans une structure qui fait sens et qui est basée sur une rupture de la démarche progressive. Il relativise donc la démarche observationnelle, et ce qui est extrêmement important (et ça je crois que Gutton l’a bien montré) : il présuppose…