Recevoir un enfant ou un adolescent autiste en psychothérapie d’orientation psychanalytique n’est pas toujours une évidence, surtout quand l’absence de langage verbal déstabilise les repères du thérapeute. Les organisations psychiques autistiques sont par ailleurs marquées par le démantèlement sensoriel qui suspend la capacité d’attention et laisse les perceptions sensorielles du sujet s’éparpiller (Meltzer, 1975). Sans un minimum de force de liaison, le vécu de l’enfant n’est pas suffisamment unifié pour permettre une adresse à l’autre dont dépend la manifestation explicite d’un besoin d’être en relation et d’une demande d’aide. Pour autant en clinique de l’autisme comme en clinique du bébé, il existe des demandes intransitives où l’investissement d’un lien précède la possibilité de se représenter ce lien (Golse & Missonnier, 2020). Le désir d’un enfant autiste d’être reçu en psychothérapie peut s’exprimer par son impatience à venir à chaque rendez-vous, par sa tenue corporelle plus droite ou attentive en salle d’attente, par son intérêt pour le matériel proposé pendant la séance, etc. Repérer ce désir et cet investissement demande au thérapeute d’être sensible à ce que G. Haag (2018) appelle la narrativité préverbale faite de gestes et de positionnements dans l’espace, qui semblent « raconter » quelque chose. L’associativité de pensée devient aussi plus large qu’avec d’autres patients. Comme l’évoque C. Lheureux-Davidse (2018), l’éparpillement des impressions des sens entraîne chez l’enfant autiste une associativité par résonance dans laquelle des perceptions disparates sont reliées entre elles par un point commun discret et souvent d’ordre sensoriel. Par exemple, l’investissement par l’enfant de la présence du thérapeute peut passer par l’investissement d’objets qui ont une couleur proche de celles que portent le thérapeute ou par celui de sonorités qui ressemblent au timbre de sa voix ou aux voyelles de son nom, etc. Ces modalités de rencontre dans des registres très archaïques…
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