« Carne » et « Psy » (La chair de la psyché)
Éditorial

« Carne » et « Psy » (La chair de la psyché)

Jeudi 8 février, coup d’envoi du colloque Les traumatismes dans le psychisme et la culture. Serge Lebovici indique sobrement que sa vie professionnelle s’encadre entre les noms d’Auschwitz et Sarajevo, avant de camper avec précision et profondeur le cadre théorique de la question. Bozidar Jaksic, sociologue de Belgrade lui succède pour parler de l’oeuvre de résistance scientifique des intellectuels de Serbie, puis Adil Kulenovic, l’une des grandes voix de Sarajevo, et Michèle Bertrand pour un retour aux interrogations théoriques jusqu’à la première pause-café. De l’avis de certains participants, cette rencontre a été une divine surprise à un moment où la mode est plutôt aux luxueuses foires médico-industrielles d’un genre plus convenu. En tout cas, cela nous amène à nous interroger sur ce qu’on pourrait appeler l’obscur objet de la psychiatrie, ou encore la chair de la psyché. La médecine sait aujourd’hui remplacer les reins, les coeurs, et un certain nombre de viscères et de substances mais il y a une chose qu’elle ne sait pas faire, c’est des greffes d’histoire. Que l’on considère la singularité des destinées biographiques ou le domaine des liens sociaux,de la mémoire collective et des drames de la grande Histoire, cette dimension de l’insubstituable ne flatte guère les postures de maîtrise technique, mais sa reconnaissance est peut-être la moindre des choses que notre éthique puisse exiger de nous et de nos institutions.