Il y a une quarantaine d’années, rares étaient les pionniers du psychodrame psychanalytique. Les tenants de la cure pure et dure leur trouvaient un doux parfum de séduction, masque de celui du soufre et de la perte d’âme. De nos jours, le soupçon porte sur la crainte de l’infiltration de l’acting de parole dans la cure. Le psychodrame analytique s’est répandu et cela à un point tel que dans une tentative de recension l’association Figures psychodramatiques, éditrice d’un annuaire ad hoc, a dû renoncer à toute exhaustivité.
Pourtant, un regroupement se fait, par affinités analytiques dans la reconnaissance mutuelle de cette authenticité analytique qui permet de prendre le risque de traiter des patients border line ou psychotiques : ceux pour lesquels une cure de divan serait une aventure trop longue ou vaine, voire dangereuse. Patients de tous âges pris par le manque à être et la désubjectivation dans un vécu douloureux de malaise peu défini. La désymbolisation les habite.
Le psychodrame analytique fait appel au groupe, au corps et au jeu pour donner conflictuellement et transférentiellement le statut de représentation à ce qui ne serait que figuration de surface. Une meilleure prise en compte des états-limites peut être une raison de son expansion ? Mais il est à craindre que des dérives productivistes ne soient aussi en cause ; cinq ou six patients et deux thérapeutes, « ça fait des actes ». Et qui sait si d’aucuns ne s’en trouveront pas psychanalystes à bon compte ?
Le dossier présenté dans ce numéro a fait appel à des analystes expérimentés. Puisse leur statut d’analystes « généralistes » être une garantie de prudence dans le domaine qu’ils exposent.