Depuis que le monde est monde, une question insiste, celle de notre libre-arbitre. Sommes-nous prédestinés, sommes-nous libres de notre destin ? Nous suffit-il de nous penser libres pour l’être un tant soit peu ? J. Monod a fait remarquer que l’amibe est sans doute davantage prisonnière de son génome que l’homme, mais d’aucuns lui répondirent qu’en fait, cette distance relative, chez l’homme, entre son génome et son comportement était. génétiquement programmée ! Raisonnement circulaire par excellence. Une chose est sûre : avec 35000 gènes environ, le génome humain est à peine plus riche que celui d’une mouche, et c’est donc l’épigenèse qui règne en maître absolu ! Autrement dit encore, la génétique n’est plus tant une génétique causale qu’une génétique de vulnérabilité, notre développement se jouant à l’exact entrecroisement de notre part personnelle (et notamment génétique) et de nos effets de rencontre, par essence -et fort heureusement- imprévisibles !
Quand S. Freud parle du « choix » d’objet, il nous permet de comprendre notre hétérosexualité, notre homosexualité ou notre bisexualité comme le fruit de l’interaction entre notre nature et notre histoire, même s’il s’agit d’un « choix » en grande partie inconscient. Quand on nous parle de la détermination génétique de la pédophilie, c’est toute cette dimension d’interaction dialectique qui est subtilisée. Place alors à la prédiction, à l’eugénisme et à la répression, alors que le modèle polyfactoriel ouvre, lui, sur la prévention, l’aide aux plus vulnérables, et le respect des différences. Mais la prévention est beaucoup plus coûteuse et lente que la répression qui peut faire illusion à court terme. Les devins ne sont pas prévenants, et personne ne demande à nos responsables politiques de nous prédire notre avenir. N’est pas Tirésias qui veut, lequel savait annoncer des contenants de pensée structurants, et non pas des contenus symptomatiques contraignants. A bon écouteur, salut !