Sylvain Missonnier : Comment doit-on vous présenter, quelle est votre identité professionnelle ?
Bernard Martino : C’est compliqué. D’ailleurs, dans votre numéro de mars, Geneviève Delaisi de Parseval, qui est psychanalyste, me déclare « inclassable ». J’ai fait une école de cinéma, je n’ai pas fait des études de psychologie ou de médecine. Aucun de ces cursus ne m’a tenté. Je ne fais pas partie de ces gens qui auraient eu le fantasme d’être psychanalyste, médecin ou psychologue. C’est l’image qui m’a toujours intéressé. Je suis entré à la télévision parce que je n’arrivais pas à me frayer un chemin vers le cinéma. La découverte du documentaire a été, pour moi, la révélation de ce qui faisait la gloire ou l’honneur de la télévision. Donc j’ai fait du documentaire, mais, dans le fond, je suis plus un cinéaste qu’un documentariste. Je travaille à la frange du documentaire et de la fiction.
Ce qui surprend les gens, notamment les journalistes et téléspectateurs, c’est que je ne sois pas médecin. Je me permets en effet de dire des choses qui sont habituellement dites avec l’autorité que confère une pratique médicale. Je peux ainsi donner l’impression déstabilisante de me positionner sur le même plan que les psychanalystes et que les psychologues, de critiquer leur pratique et de discuter leurs théories, alors que je n’ai, en principe, aucune qualification pour le faire. Souvent l’erreur est faite sur les quatrièmes de couverture de mes livres. Je suis présenté comme « le docteur Bernard Martino ». Un lapsus pour rectifier une « anomalie » en somme.
Sylvain Missonnier : Votre rencontre avec Bruno Bettelheim représente un temps fort de votre carrière… une épreuve initiatique?
Bernard Martino : La plupart des…