Les séparations
Le pluriel de l’intitulé me semble particulièrement pertinent et encourageant pour notre réflexion. Nous avons à faire de nombreuses formes de séparation, plus ou moins accomplies, plus ou moins pathologiques, plus ou moins pathogènes. Pour travailler les séparations, il me semble important d’établir par rapport à quel lien, à quelle relation elles se produisent. J’aborderai surtout ce que la clinique de la périnatalité nous apprend à ce propos.
Chez le tout jeune enfant aussi il existe plusieurs modalités de séparation. Elles sont aussi nombreuses, plurielles. Pour beaucoup d’analystes, l’enjeu principal chez un bébé est de se séparer et de s’individualiser par rapport à la relation soi-disant symbiotique avec la mère. On suppose donc que l’enfant est complétement en fusion avec elle, et un beau jour, après quelques semaines, voire au moment de l’apparition de la parole et du langage, le père surgit et, tout comme Dieu sépare le ciel de la terre, il détache l’enfant de sa mère pour lui permettre d’entrer dans la communauté humaine. Or, l’expérience clinique avec des bébés montre que l’enjeu majeur et premier pour un bébé n’est pas tant de se séparer, que d’établir, avec son environnement, des liens profitables pour son existence. Au début, le bébé est séparé. D’où l’intitulé de cette table ronde : « à l’origine : la séparation ! », et ce, non seulement dans le sens où la séparation est le début d’un certain processus mais que, véritablement, au commencement, le bébé et les personnes de son entourage sont séparés. C’est ce qu’il arrive aux nouveau-nés kangourous. Habituellement, on pense qu’ils naissant à l’intérieur de la poche de leur mère. Mais en réalité, ils naissent en dehors. Après la naissance, dans un deuxième temps, avec des substances secrétées…