Introduction
Le terme grec de trauma, réservé dans un premier temps de l’histoire médicale aux atteintes et lésions corporelles, est définitivement introduit dans l’univers de la psychiatrie à la fin du XIXème siècle, pour décrire les « blessures » physiques et psychiques présentés par les premières victimes des accidents de chemin de fer. L’appellation « névrose traumatique » entre ensuite dans les nosographies avec Oppenheim au moment même où naît la psychanalyse… Freud s’interroge naturellement sur les faits de séduction traumatiques exercés sur ses patientes, accordant dans un premier temps un poids conséquent à la réalité des traumatismes subis et aux souvenirs pathogènes. Pour autant, la place du concept de traumatisme dans la théorie freudienne est mouvante et connaît de nombreuses évolutions (Bokanowski, 2005) : depuis les remaniements de la théorie de la séduction, en 1807 avec l’abandon de sa neurotica, aux modélisations économiques introduites à partir de 1920 jusqu’à l’étude des traumatismes positifs et négatifs et de leurs liens avec le narcissisme à la fin de son œuvre. Au-delà même des travaux psychanalytiques, le statut accordé à l’événement traumatique dans la genèse des pathologies est depuis toujours sujet à controverses et débats passionnés. En témoignent les premiers récits de guerre et combats, qualifiant les soldats traumatisés de couards et de simulateurs dès le XVIIème siècle, ou à l’inverse les théories organicistes mettant en avant la gravité neurologique des chocs subis par les victimes d’accidents au XIXème siècle ou enfin les évolutions actuelles centrées sur le Post Traumatic Stress Disorder toujours embarrassées par la singularité des vécus traumatiques.
Notre clinique, centrée sur le suivi d’adultes ayant vécu des événements dits « traumatiques » dans une consultation hospitalière spécialisée, continue de nous interroger sur la place…