Œdipe et mélancolie : l’association peut paraître, de prime abord, étonnante, voire contradictoire. Le premier renvoie spontanément à la triangulation objectale liée au conflit névrotique inconscient tel que Freud l’a élaboré dans le complexe qui en porte le nom, la seconde étant spontanément associée au registre narcissique auquel Freud s’est intéressé plus tard.
Mais ce n’est pas seulement une association de ces deux registres à laquelle invite Vladimir Marinov. La majuscule conférée à Œdipe souligne l’importance de la référence à la pièce de Sophocle : une histoire marquée par un inceste et un meurtre. Un inceste et un meurtre, l’un et l’autre perpétrés du fait de l’ignorance d’Œdipe de ses véritables origines, et liés à un acte condamnable, commis avant lui par son propre père Laïos : un acte pédophile homosexuel. Ainsi, Œdipe est indissociablement marqué par l’abandon parental et une faute commise avant lui.
Quant à la référence à la mélancolie, sa proposition sous forme adjectivée me semble dégager le terme de ses limites psychopathologiques ou de référence au complexe pour en souligner la valeur dynamique, processuelle, potentiellement présente dans toute psychopathologie. La perspective revendiquée est ainsi transnosologique et transnosographique, et concerne tous les tableaux psychopathologiques. Elle soutient la possibilité de parler d’un « conflit œdipien de type mélancolique », quelle que soit l’organisation psychopathologique du sujet.
Freud n’a pas été jusqu’à proposer l’association des deux termes. Mais il me semble que l’alliance est cependant reconnue au sein de la figure du masochisme moral, un masochisme précisément caractérisé par le sentiment inconscient de culpabilité et la resexualisation du surmoi, Freud l’ayant relié, je le cite, au « fantasme (œdipien) d’être battu par le père, fantasme très proche de cet autre désir, avoir des…
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