L’opposition à Freud en France se décline en trois mouvements associés : un antijudaïsme, un antigermanisme et une opposition à l’innovation apportée par la psychanalyse. Freud est juif, la psychanalyse apparaît donc d’abord comme une théorie juive. Freud est autrichien, sa théorie est donc considérée comme germanique aussi. La France de Charles Maurras n’est pas disposée à lui faire le meilleur accueil.
Hérédité contre sexualité
Les premières critiques de la psychanalyse ne portent pas encore sur les origines juives ou germaniques de son inventeur, sinon de façon voilée, elles préfèrent se déplacer sur le terrain des arguments scientifiques qui la fondent. L’hérédité reste en France le modèle de référence des troubles psychiques, et ce modèle est remis en cause par la place prééminente donnée à la sexualité dans la théorie freudienne : « la sexualité parce que humaine est inconséquente ». Les opposants à Freud sont surtout les élèves de Charcot. Leur maître reste pour eux le véritable initiateur dans le domaine de la pathogénie des névroses. Il maintenait l’hérédité comme cause prédisposante des états névrotiques, le reste n’étant que du registre des causes banales, isolées ou combinées entre elles, agissant brusquement ou s’associant progressivement jusqu’au jour où elles font éclater la névrose sur le terrain héréditairement prédisposé. L’étiologie sexuelle des névroses fait l’objet de nombreux débats. On critique le « pansexualisme » qui ramène tous les troubles psychiques (névrose, psychopathie, démence précoce et folie maniaco-dépressive), à un traumatisme sexuel. Les railleries fusent : « Une fille est hystérique, son frère souffre de névrose d’angoisse. Soyez sûr qu’ils ont commis ensemble, ou avec d’autres petits camarades, dans leur tendre enfance, des “ cochonneries ” sexuelles »… « […] on n’arrive pas à l’âme par des moyens gynécologiques, […] ce n’est pas par voie vaginale qu’on guérit…