Le lien fraternel constitue une réalité pour la majorité d’entre nous. Nous grandissons avec nos frères et sœurs, avec tout ce que signifie le mot « grandir ». C.-à-d. commencer par « faire de la place » au dernier arrivé dans la famille, qui réquisitionnera dorénavant les bras et l’attention parentale qui nous étaient autrefois réservés ; puis partager nos jouets, nos copains, nos assiettes de frites et nos gâteaux d’anniversaire ; cohabiter avec lui chaque jour (avec toutes les stimulations visuelles, auditives et olfactives plus ou moins confortables que cela entend) ; et tolérer ce témoin des petites faiblesses et autres incompétences honteuses que nous ont renvoyées tous ceux qui nous entouraient au cours de l’enfance. Car si l’on a été la tête de Turc de notre grand-père, nul en maths, incapable de tenir sur un vélo, maladroit avec notre première amoureuse ou défiguré par une acné tenace à l’adolescence, nos frères et sœurs resteront les seuls individus de notre vie future, à résister à toute illusion contemporaine nous concernant : ils étaient là et ils savent, pour toujours, quel bois nous a construit.
Avec un tel programme, on est d’ailleurs en droit de se demander, comment ce lien peut « survivre » à l’enfance !
D’ailleurs, les enfants uniques vont bien ! Lorsque certains parents me demandent s’ils doivent culpabiliser de ne pas leur offrir de petit frère ou de petite sœur, je leur réponds n’avoir quasiment jamais rencontré d’enfant unique ayant souffert de l’être. Je crois profondément que les enfants s’ajustent globalement très bien à tout, et que ce qui compte fondamentalement pour tous est d’avoir des parents heureux qui aiment la vie qu’eux se sont construite.
Mais revenons à la fratrie. J’ai énuméré toutes ses ingratitudes, mais elle est…