On aimerait ne présenter que ce qui est beau à nos enfants. On se réjouit tellement de leur innocence, de leurs illusions, de leur légèreté. Les confronter à la dureté du monde nous fend le cœur et nous rappelle toutes nos propres désillusions. Préserver leur insouciance, c’est, au fond, préserver une partie de la nôtre, passée, qui aurait préféré « en rester là ».
Pourtant, il va falloir leur dire que leur copain Elliot ne viendra finalement pas samedi à la maison ; que papa et maman vont se séparer ; que la relation si froide entre maman et mamie n’est pas normale ; que papi est mort cette nuit ; que le voisin, qui est aussi le papa de son amie Margot, vient de se suicider, etc.
Alors, comment faire ? Comment trouver les mots ? Que faut-il savoir pour que ces mots ne les heurtent pas ? Mieux, qu’ils les apaisent, et pourquoi pas, enrichissent leurs personnalités ?
En introduction de tous ces développements, j’aimerais vous infliger un petit « plaidoyer pour la vérité ». Car la première notion à avoir à l’esprit face à toutes ces situations d’annonce, est qu’en annonçant tous ces événements à votre enfant, vous ne ferez que poser des mots sur quelque chose qu’il sait déjà ou allait pressentir dans peu de temps… Ne me demandez pas pourquoi, c’est un fait absolument acquis pour la psychanalyse depuis cent ans : « les enfants savent ». Dolto, Eliachef, et de nombreux autres psy l’ont très bien décrit à propos des enfants de tous les âges, et à propos de tous types d’informations. Ils perçoivent les affects et interceptent tout ce que se disent les adultes en leur présence (parfois sans s’en méfier…). Ils sont de très fins enquêteurs…