Introduction : tendresse et psychanalyse
La notion/concept de tendresse a une position singulière dans le corpus psychanalytique. Déjà le terme fait partie du langage courant, en un sens qui n’est pas entièrement superposable avec ce qu’ont proposé divers auteurs de la discipline, il y a une polysémie de la tendresse qui provoque quelquefois des confusions quand on l’emploie en public ou entre professionnels.
D’autre part, la tendresse pourrait être vue avec méfiance par des psychanalystes, tant elle est perçue comme proposant une trop grande proximité entre patient et soignant, loin de la neutralité bienveillante ; certains imaginent des contacts pouvant déboucher sur des abus ou autres, ou alors elle est suspectée de ne pas faire la part à l’ambivalence du thérapeute.
Ce sont des inquiétudes infondées, soulignons au contraire le rôle cadrant de la tendresse et le fait qu’elle prémunit contre les abus1. Il n’en reste pas moins que d’autres termes sont utilisés préférentiellement : bienveillance, sollicitude, empathie, attachement entre autres, pour autant aucun de ces termes ne porte tout ce qui est porté par la tendresse, qui par ailleurs est aussi un affect.
La clinique des traumatismes extrêmes, comme celle des agressions sexuelles, m’a imposé en quelque sorte un travail de recherche au long cours sur la notion de tendresse, en retrouvant les apports de Sándor Ferenczi et en développant mes propres hypothèses2 que je ne peux pas développer autrement que résumées ci-dessous.
Sándor Ferenczi est incontournable en psychanalyse lorsque l’on s’intéresse aussi bien au traumatisme qu’à la tendresse, ce qui est déjà signifiant d’un lien entre l’advenue du premier et l’absence de la seconde. Bien rares sont…
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