Perspectives psychanalytiques des contes de Fées
La fascination qu’éprouvent les enfants pour les contes de fées a fait l’objet de diverses études, surtout du point de vue littéraire (Favat, 1977 ; Applebee, 1978). Les interprétations symboliques des contes des fées ainsi que leur relation avec l’inconscient sont devenues un champ de spéculation où entrent en lice aussi bien des analystes freudiens que jungiens (Bettelheim, 1976 Von Franz, 1982 ; Kaës et al., 1989 ; De la Génardière, 1996). Freud (1900) fut le premier à découvrir la nature symbolique des contes. De même que les mythes et les légendes, ils plongent dans les parties les plus primitives de la psyché. Dans son Interprétation des Rêves, Freud se réfère aux contes de fées pour justifier l’analyse des rêves : « Nous savons déjà que les mythes et les contes de fées, les proverbes et les chansons, le langage d’imagination utilisent le même symbolisme » (1916, p. 168). Dans L’Homme aux Loups, Freud soutient que le conte de fées offre à l’enfant un mode de pensée qui correspond à sa représentation de lui-même. Il ne sent pas de différence entre l’animal et lui, ce qui explique qu’il n’est pas surpris par les animaux anthropomorphiques figurant dans de nombreux contes.
Róheim (1953) souligne la ressemblance entre les contes de fées et les expériences oniriques. Une grande partie de la mythologie, affirme-t-il, dérive des rêves. Les contes de fées pourraient provenir d’expériences oniriques racontées et re-racontées. En outre, selon Schwartz (1956), le conte de fées, comme le rêve, procède par opposition ou contraste, est illogique, possède une signification manifeste et latente, emploie des symboles, interprète et étend le concept de réalité, est une forme d’expression dramatisée, contient des éléments sexuels et culturels, exprime des…