Chaque époque possède ses particularités. La psychanalyse, depuis sa conception, est confrontée à des crises internes qui accompagnent des événements ou des changements sociétaux. Ainsi, au fil du temps, elle s’est ouverte tour à tour de la prise en charge des personnes névrosées au traitement des enfants, des familles, des groupes et plus récemment, des organisations limites. À chacune de ces ouvertures, le cadre clinique a varié quelque peu en s’adaptant aux particularités des organisations psychiques auxquelles il avait à faire.
Notre ère nous a apporté la révolution numérique et, avec elle, la technologie a également fait sa place dans les séances psychanalytiques, dont les téléconsultations restent un signe représentatif. Ce procédé jadis sporadique a pris, lors de la dernière pandémie, un essor spectaculaire puisque nous avons majoritairement adopté ce genre de consultation, ne serait-ce que pour garantir la continuité des suivis engagés. Et si certains parmi nous les ont délaissées dès que les conditions sanitaires sont devenues favorables, d’autres continuent de les pratiquer en se saisissant de cet outil pour explorer d’une manière inaccoutumée l’inconscient humain.
Bien évidemment, les réflexions sur ce sujet sont encore au cours d’élaboration puisque l’évènement évoqué est assez nouveau dans l’histoire de la psychanalyse. Cependant, quelques remarques cliniques issues de ma propre expérience des téléconsultations feront l’objet de ce texte.
Sortir du cadre traditionnel
Les téléconsultations (par téléphone ou, plus tard, par le biais d’internet) étaient utilisées jusqu’alors ponctuellement et avant tout dans un souci de continuation du traitement déjà commencé en présentiel. Elles concernaient le plus souvent les patients qui étaient amenés à déménager ou à garder leur domicile pour cause de maladie.