L’association Schibboleth Actualité de Freud poursuit son travail d’analyse d’une clinique du contemporain avec la parution d’un ouvrage collectif sous la direction du Pr Michel Gad Wolkowicz : L’affaire Sarah Halimi ou l’éradication du sujet. Après des publications récentes sur les thèmes de la transmission[1] et de l’antisémitisme[2], ce dernier ouvrage propose une réflexion interdisciplinaire sur l’assassinat du Dr Halimi, envisagé notamment à travers ses suites juridiques et son traitement médiatique. La nuit du 4 avril 2017, Sarah Halimi, une femme française juive, médecin et directrice de crèche retraitée est assassinée avec une violence inouïe aux cris « d’Allah est le plus grand », puis défenestrée dans le quartier de Belleville par son voisin Kobili Traoré.
Le but du livre est selon le Pr Michel Gad Wolkowicz de « faire de cette tragédie un événement historique, psychique, politique, en dégageant ce qui devenait une " affaire française" : rendre un visage à Sarah Halimi. ». Les contributions à cet ouvrage construisent en effet « l’affaire Halimi » comme un événement de pensée, à contre-courant de son traitement judiciaire et médiatique en simple fait divers. L’absence de procès et le refus d’attribuer pendant neuf mois la qualification de « crime antisémite » font l’objet d’un examen critique détaillé les différents auteurs.
Une des forces du livre est de traiter le sujet en engageant une réflexion historique et une analyse du processus de civilisation au croisement de plusieurs disciplines : la psychanalyse, le droit, la philosophie politique et l’Histoire notamment. La référence à la psychanalyse est centrale dans l’ouvrage, éclairant et fédérant les différentes épistémologies et les filiations de pensées convoquées, notamment à partir de la théorie des pulsions et du narcissisme, mais aussi en référence à la psychologie de masse.