Paroles de cliniciens et vous propose de prendre la parole pour partager un « moment particulier » de la pratique. Ce mois-ci, Adrien Blanc revient sur sa rencontre avec Farid.
Quelques mots sur la transmission de l'interdit du toucher
La rencontre clinique, par essence, est incertaine et pleine d’inattendu. Grâce à nos formations et à travers nos expériences, nous proposons à nos patients des cadres d’écoute et de psychothérapies préconçus et pré-pensés pour les accueillir au mieux. Ces dispositifs sont plus ou moins souples, y compris dans les pratiques contemporaines co-construisant et adaptant davantage le dispositif aux patients qu’auparavant. Par ailleurs, toute formation et toute transmission enseignent, consciemment ou inconsciemment, outre des connaissances, des règles et des interdits permettant d’accueillir et d’autoriser un processus analytique. Cependant, parfois, ces transmissions s’accompagnent de tabous et de charges générationnelles fermant quelquefois aussi l’écoute de certains contenus, tentant de se symboliser dans des modalités pas toujours autorisées, voire pensables.
En effet, qui n’a jamais entendu parler des célèbres règles du cadre freudien de la technique de la libre association des idées, de l’écoute neutre et bienveillante dans une attention flottante, accompagnée de la règle de l’abstinence traduite souvent comme un interdit du toucher ? Si les règles cadrent et protègent les interdits, telles un surmoi bienveillant, tout en protégeant elles peuvent aussi censurer, inhiber, créer des tabous, des vides de pensées, tels un surmoi archaïque culpabilisant. Cependant, si interdit il y a, c’est qu’il y a désir. S’il y a désir, c’est qu’il a pulsion. Pour s’en protéger, pour que cela infiltre le processus analytique le moins possible, bien souvent, se transmet un primat de l’écoute verbale, un interdit du toucher…