Ce serait une erreur de négliger la question de l’image du corps en la rapportant à l’apparence, à un épiphénomène qu’une réflexion sérieuse devrait éviter. Les difficultés relatives à l’image du corps en tant que phénomène externe et interne sont beaucoup plus importantes qu’il n’y paraît. Les sujets ordinaires les vivent à l’adolescence puis en vieillissant, avec l’altération visible du corps et du visage. Même dans la grave maladie, l’atteinte de l’apparence reste déterminante, comme en témoigne la détresse de nombreuses femmes touchées par le cancer lors de la perte de leurs cheveux (censée n’être qu’un simple effet secondaire du traitement). C’est pourquoi nous avons choisi d’insister dans plusieurs de nos travaux traitant du handicap physique sur l’image du corps dans son rapport à l’apparence. Par ailleurs, nous nous sommes intéressé à des particularités dermatologiques rares touchant exclusivement l’apparence du corps, comme le Nævus Géant Congénital, qui se caractérise par de grandes nappes de peau noire, épaisse, de la texture d’un grain de beauté, mais répandues sur une partie importante du corps, parfois du visage. Dans la grande majorité des cas, cette particularité n’entraîne aucune conséquence fonctionnelle (qui peut exister quand les cellules des méninges sont touchées), et les difficultés rencontrées sont donc exclusivement dues aux conséquences psycho-sociales de la différence d’apparence. Mais avant d’envisager les résultats de ces différentes approches cliniques, il nous faut insister sur la notion même d’image du corps.
L’IMAGE DU CORPS
L’image du corps associe visibilité, sensations intéroceptives et représentations. Elle ne se limite donc pas à l’apparence, mais elle l’inclut. L’image du corps est classiquement définie par Paul Schilder comme « un "apparaître" à soi-même du corps ; terme qui indique aussi que, bien que passant par les sens, ce…
Déjà abonné ?
Les abonnements Carnet Psy
