François Fourrier, professeur à la faculté de médecine de Lille 2 et ancien chef du service de réanimation médicale au CHRU de Lille, vient de signer un ouvrage formidable sur son expérience professionnelle. A partir d’histoires cliniques qui illustrent le modèle des pathographies imaginées par Von Weizsäcker comme mises en forme d’une médecine humaine, Fourrier nous propose de partager avec lui les aventures transfé-rentielles qu’il a vécues tout au long de sa carrière de médecin.
La réanimation médicale est une spécialité singulière de la médecine, puisqu’elle accueille les patients venant des urgences ou des services de spécialités confrontés à des états patho-logiques particulièrement graves et nécessitant le recours à des « aides à vivre » sous forme de machines sophistiquées (respiration, circulation sanguine, …) dont dépendent la survie : « Venir après la catastrophe, simplement tenter de remettre les choses à leur place » déclare-t-il avec une modestie louable. A travers ces exemples poignants, François Fourrier nous permet de comprendre les situations de très grande complexité, souvent au bord de la mort, auxquelles sont confrontés les réanimateurs : thérapeutiques d’abord, mais aussi très vite, éthiques, biographiques, légales, pluri-disciplinaires. Plutôt que de nous entraîner dans une présentation théorique au risque d’être loin de chacun des cas concernés, l’auteur préfère nous livrer des exemples précis, ceux de Mohammed, de Marlène, de Miran, d’Estelle et de plusieurs autres, dans lesquels il déroule l’histoire clinique détaillée telle que le médecin est entraîné à le faire, mais avec une particularité très intéressante, analogue à l’enquête historique.
En effet, pour reconstituer les circonstances dans lesquelles le patient a sombré dans sa décompensation et qui dans certains cas peuvent expliquer les symptômes présentés, il est nécessaire de se livrer à un enquête approfondie, quasi-policière, afin de rassembler les pièces…