Au cœur de l’ouvrage d’Isée Bernateau, une question, qui se déclinera en plusieurs autres : que faut-il au lieu pour qu’il puisse véritablement faire lieu pour un sujet ; sous quelles conditions peut-il s’y inscrire psychiquement ? Pour y répondre, l’auteur décrypte la définition même du lieu et analyse, à la fois de manière subtile et très détaillée, toutes les occurrences venant l'incarner : habitat, territoire, maison, pays natal, mais aussi leurs antithèses ou points d’achoppement : anti-lieu, voyage, errance, hors-lieu, exil, etc. Le livre, qui propose une réflexion sur une thématique sur laquelle la psychanalyse s’est assez peu penchée, et qui convoque de multiples références littéraires, cinématographiques et philosophiques, déplie ainsi la notion de lieu en quatre chapitres qui sont autant de façons d’approcher la question, d’en décrire les différentes facettes, pour en saisir l’essence.
« Pour qu’un lieu puisse faire lieu pour un sujet, il doit se doter d’une fonction symbolique et imaginaire dans lequel le rapport au corps propre est central », indique Isée Bernateau. C’est ainsi en référence au corps que s’ouvre un premier chapitre consacré à la maison, illustré par les cas de Gabriel, Ramesh ou Clara, tous aux prises avec la question du lieu d’habitation et de la possibilité de refuge, ou, inversement, d’insécurité voire de violence qu’il suppose. Avant de pouvoir habiter un lieu, encore faut-il pouvoir habiter son propre corps : l’architecture de la maison résulterait ainsi en partie d’une architecture psychique projetée, l’espace psychique de la maison se construisant par dérivation à partir du corps propre. L’image du corps, indique l’auteur, « se retrouverait donc projetée sur l’habitat lui-même, répétant la complémentarité spéculaire primitive entre l’espace psychique et l’espace du monde extérieur ». La maison pourrait ainsi venir incarner un second corps…
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