Mme C. et Léon
Mme C. a pris rendez-vous car Léon, son fils unique de 16 mois, a des problèmes de sommeil. « Léon se réveille plusieurs fois dans la nuit et il doit impérativement retrouver sa sucette pour se rendormir », m’explique en parlant très vite Mme C. Si ce n’est pas le cas, il se met à pleurer, réveille ses parents, sa mère se lève, doit lui ramasser et redonner sa tétine. Mme C. me raconte, avec Léon assis sur ses genoux, orienté vers moi, qu’elle a accepté cette situation depuis qu’il a quitté la chambre parentale et dort dans la sienne juste à côté. Mais maintenant, c’est différent, elle a repris le travail et ses nuits entrecoupées de plusieurs réveils et d’insomnies deviennent insupportables le lendemain à son bureau où elle assume de lourdes responsabilités. Il y a un énervement crescendo mal contenu dans les propos de Mme C. et Léon, sucette en bouche, accompagne cette intensification affective par une accélération du rythme de succion nettement visible.
Léon a la sucette jour et nuit depuis la maternité. Mme C. avait « anticipé » et avait acheté une sucette vers la fin de sa grossesse. Quand Mme C. – hyperattentive – lit mon léger étonnement à ce sujet sur mon visage, elle marque un arrêt et m’interroge : « Vous trouvez ça étrange de préméditer la sucette ? » Elle répond d’elle-même sans plus attendre : « J’ai sucé mon pouce très très… trop longtemps. » « C’était la guerre entre ma mère et moi et j’étais obligée de me cacher pour le sucer. C’était plus fort que tout ! » « D’ailleurs, mes dents ont été sacrément déformées et j’ai dû porter pendant longtemps des appareils dentaires qui m’ont gâché mon adolescence. » « Je ne voulais à aucun…
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