Soigner la souffrance de l’autre n’est pas tâche aisée! Inscrit dans la société, l’acte de soins n’échappe pas à ses ambiguïtés, à ses dichotomies. Ainsi celle qui opposerait l’universalisme et la laïcité de la société française d’une part, et d’autre part les identités culturelles des populations migrantes vivant ici? Au nom d’un universalisme triomphant, nous n’intégrons pas les logiques culturelles complexes de nos patients migrants dans nos dispositifs de soins psychiques (langues maternelles, système de représentation de la maladie…). Or ignorer cette altérité, c’est prendre le risque que ces patients ne s’inscrivent pas dans nos systèmes de prévention et de soins, c’est aussi les contraindre à une solitude élaborative voire à une rigidification traumatique. C’est donc prendre le risque de l’exclusion de fait! On sait à quoi mènent ces rigidifications culturelles et leurs utilisations politiques et idéologiques. Le Rwanda, l’Algérie, l’ex-Yougoslavie et à un degré moindre, le désespoir de nos banlieues et ses soubresauts médiatico-policiers sont là pour nous le rappeler! L’engagement des « psy » dans toutes ces situations où l’humain est menacé, est plus que jamais un acte lié à la nature même de notre tâche…