On constate depuis plusieurs années un intérêt de plus en plus vif à ce qui se passe pendant les toutes premières semaines et mois de la vie de l’enfant tant dans le grand public que parmi les professionnels. Il y a évidemment de multiples raisons à cela ; la moindre sur un plan général n’est pas la baisse de la natalité, tout au moins dans les pays industriellement les plus développés, cette baisse contribuant avec d’autres facteurs à faire de l’enfant un bien précieux par ailleurs, et de manière assez paradoxale, valorisé socialement. Les progrès des disciplines médicales et scientifiques concernées par la procréation, la femme enceinte, la naissance et les jeunes enfants représentent un autre facteur d’intérêt pour ce domaine. Avec ce mouvement qui consiste à se situer toujours plus tôt dans la genèse de troubles éventuels, sont nés un certain nombre de concepts par exemple ceux de périnatalité, d’interaction précoce fantasmatique, de transmission intergénérationnelle etc. Tout cela constitue bien entendu un cadre pour nos interventions curatives et préventives les plus précoces dont nous voyons souvent l’efficacité… à condition d’être modeste et prudent et de perdre l’illusion de la « toute puissance préventive » ou de la « toute puissance explicative », compte tenu de la complexité des facteurs qui pèsent sur le développement, de l’importance de tout ce que nous ignorons dans ce domaine et des aléas de l’existence.