On ne devient pas psychanalyste sur les bancs de l’université, c’est une évidence communément partagée, la pratique analytique requiert une expérience personnelle de l’analyse, ainsi qu’une formation au sein des diverses sociétés analytiques ; dès lors, l’enseignement de la psychanalyse à l’université se bornerait-il à la transmission de la théorie psychanalytique ? Et si, au contraire, l’université jouait à l’heure actuelle un rôle fondamental dans l’évolution de la théorie et de la pratique psychanalytique, notamment par leur transposition sur d’autres terrains de rencontre analytique ?
Les recherches universitaires en psychologie clinique sont en effet souvent menées par des psychologue cliniciens de formation psychanalytique qui s’engagent dans des doctorats, car ils ressentent la nécessité d’inventer de nouvelles modélisations pour comprendre et traiter des cliniques de l’extrême, qui mettent en difficulté les professionnels de terrain, dans le cadre des institutions publiques.
A l’époque où la psychanalyse subit tant d’attaques, non seulement dans le cadre des institutions de soin, mais au sein même de l’université, où la vigilance des enseignants chercheurs cliniciens s’impose face au désir d’hégémonie de la psychologie cognitivo-comportementaliste, il est essentiel de montrer, avec de telles recherches universitaires à partir dedispositifs non « standards », la fécondité d’une approche psychanalytique, qui reste la seule apte à traiter des patients réputés « impossibles »…
Loin de marquer une rupture avec « l’or pur » de l’analyse dans les sociétés analytiques, les recherches de psychologie clinique ne cessent de montrer la fécondité de la théorie analytique réinventée dans de nouveaux contextes et dispositifs.
La psychanalyse n’a-t-elle pas tout à gagner à être questionnée à partir de ces nouveaux terrains d’aventure du site analytique, au vif de la recherche clinique universitaire ?
Pr. Anne Brun