Les propos tenus dans ces colonnes vont nous amener à nous focaliser sur un champ clinique particulier du domaine de l’enfance et concernera un registre psychopathologique certes singulier mais toutefois régulièrement rencontré par les cliniciens. Il m’est apparu important, qu’à côté de l’actuelle et très nécessaire évocation de l’autisme comme pathologie complexe soulignant la question des rapports délicats existant entre corps et psychisme, une autre figure clinique des troubles psychiques sévères de l’enfance puisse être abordée et discutée ici.
Comme on pourra le constater, j’ai choisi ici de reprendre le dénominatif de « psychose infantile », choix qui pourrait en soi être discutable dans un contexte où cette notion est en passe de tomber en désuétude. Une certaine confusion règne actuellement autour de la référence aux TED, aux MCDD, aux dysharmonies évolutives graves, notions certes contemporaines et recoupant plus ou moins partiellement ce que la psychose infantile recouvre. Les débats actuels génèrent en tout cas des télescopages déroutants entre d’une part, la référence à plusieurs travaux plus anciens (issus notamment de la pédopsychiatrie française) et d’autre part, le souhait plus ou moins affirmé, voire avoué d’abandonner un terme parfois perçu comme péjoratif ou stigmatisant. Le maniement du terme de psychose infantile, pour peu que l’on s’autorise à l’utiliser encore, implique donc une approche clinique et psychopathologique approfondie et assurée sur de solides références, afin notamment de ne pas confondre cette entité ni avec l’autisme ni avec les pathologies limites de l’enfance, comme elle l’est parfois trop souvent. Sa spécificité doit donc être soulignée afin d’éviter qu’elle ne se retrouve assimilée à un trouble envahissant du développement non spécifié, à un retard ou une dysharmonie mal délimitée, tout aussi grave qu’elle soit. Elle ne peut non plus, à mon sens, s’assimiler à la juxtaposition…