A la différence des autres maladies, la vie est toujours mortelle et ne supporte aucun traitement. Soigner la vie ce serait vouloir boucher des orifices de notre organisme, en les considérant comme des blessures. A peine guéries, nous serions étouffés.
Les théorisations de J.-B. Pontalis (à la recherche de l’infans, entre rêve et douleur, au plus près du corps maternel, dans le royaume intermédiaire...) témoignent en partie de ce qu’étaient le psychanalyste et l’homme. Son œuvre littéraire, (Perdre de vue, Un homme disparaît, Le dormeur éveillé, L’enfant des limbes...) est selon son expression une « autographie » (sans bio au milieu donc ?) qui complète bien qu’évidemment toujours imparfaitement le portrait de l’artiste en éternel jeune homme, tant il est vrai qu’on écrit toujours sur la nostalgie de notre adolescence. Je vais essayer de dire quelques mots de cette belle et généreuse œuvre de ce merveilleux ami et maître ; « quelques beaux présents à un bel absent » ; aurait dit Georges Perec, à partir des thématiques proposées dans ce colloque.
Douleur d’exister
Je vais parler, non d’une vulgaire rage de dents, mais de la douleur psychique et plus précisément de « la douleur d’exister », terme de J.-B. Pontalis emprunté à Lacan, et qui n’est pas, disons-le tout de suite, la douleur morale (il n’y entre pas l’ombre d’une mélancolie... peut-être juste une grande peine), et me semble se rapprocher de la forme littéraire (heureusement insuffisamment) « névrotisée », trop ou pas assez maîtrisée (se sentir ou ne pas se sentir être, telle serait la question), de ce qui anime et désanime tout sujet en crise : la terreur d’exister. La terreur agonique sans nom de Bion, le désemparement…