Naissance et renaissance
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Naissance et renaissance

Nous naissons, pour ainsi dire, en deux fois : l’une pour exister et l’autre pour le sexe.
J.-J. Rousseau

Sujet éternel s’il en est, « naissance et renaissance » pourrait conduire à l’errance comme à la recherche de la maîtrise d’une énigme, comme l’adolescent face aux mystères du monde. C’est pourquoi je choisirai de lier mon propos à un axe, celui du rapport au temps. Plus précisément, j’essayerai d’éclaircir en quoi nos représentations individuelles et collectives du temps, de la mémoire et de l’histoire influent sur nos façons de concevoir les rapports entre bébé et adolescent, et donc sur nos manières de les prendre en charge. Je partirai de l’idée selon laquelle ces représentations déterminent à chaque époque notre regard sur eux.

De la naissance de la notion d’enfance… à BB-ados

NAISSANCE DE LA NOTION D’ENFANCE

C’est à la fin de l’Ancien Régime qu’elle va se dessiner. Philippe Ariès l’a fort bien démontré. Jusqu’alors il n’y a pas de sentiment d’enfance : « J’ai perdu deux ou trois enfants en nourrice, non sans regrets, mais sans fâcherie », rapporte Montaigne (Essais II, 8). L’enfant n’est objet d’attachement que s’il survit. Il est alors considéré comme un adulte miniature mais asexué. Dans l’art médiéval, par exemple, il est représenté nu, sans sexe : la Sainte enfance ! Emmailloté, il ne quitte le maillot que tardivement pour revêtir une robe, qu’il soit garçon ou fille, encore au XVIIsiècle. C’est à la fin du XVIIIsiècle que les habits se distinguent selon le sexe.

La naissance du sentiment d’enfance intervient alors qu’il n’y a toujours pas de notion d’adolescence : « Considérez que par nous allaictés avez esté en…

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