Les sages-femmes sont en colère. Elles ont raison. Serions-nous une société hypocrite qui ne s’émeut, à pleins médias, que face aux « démissions paternelles » et maltraitances de toutes sortes ? Pourtant de quelles richesses disposons-nous ! Pédiatres, généralistes, éducateurs, assistantes sociales, pédopsychiatres et psychologues ! Tant de monde que parfois il est difficile de garder sa place…
Mais avant l’échec ressenti, avant que l’enfant n’inquiète, où, quand, auprès de qui ces futurs mères et pères ont-ils pu confier les douleurs du passé, les liens rompus, les angoisses impensables ? Les généralistes sont le plus souvent exclus de la grossesse et pressés. Les obstétriciens, à peine sensibilisés, n’ont déjà plus le temps. Les sages-femmes, sollicitées dans leur compétence technique, démontrent de remarquables qualités humaines. Mais qui reconnaît le poids des confidences pendant le monitoring, la violence des émotions partagées lors d’une naissance difficile, la valeur du temps et de la disponibilité ? Qui soulage la tête lourde de sentir un destin qu’un rien peut faire basculer, non seulement sur le plan technique, mais aussi sur le plan affectif ? Qui tient compte de l’épuisement désormais quotidien dans bien des lieux de naissance ?
Continuons à nous scandaliser et à encourager les institutions réparatrices. L’approche longue et minutieuse des parents blessés n’intéresse guère : faisceau de petits riens, de prises de risque au quotidien par des sages-femmes le plus souvent peu soutenues… Loin des exploits médiatiques et d’une psychanalyse distinguée, la sage-femme instaure un lien de confiance, qui permettra à la jeune mère de se faire confiance, ainsi qu’à son compagnon et à son enfant